Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/405

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lait le petit bec de métal qui devait servir à en décharger le contenu.

Olivier s’agenouilla, lui aussi, hypnotisé par cette vue.

Il songeait à l’effet qu’allait produire, dans quelques heures, cette insignifiante petite boule. Il avait l’impression d’entendre le bruit léger de sa chute, et puis, quelques secondes plus tard, d’assister à la catastrophe, — la terre éventrée, les rochers émiettés, l’air tout rempli d’éclats de pierre, et de fragments d’arbres, et de membres humains déchiquetés !

Et Olivier se rappela, avec un nouvel élan d’orgueil, que c’était du vaisseau même de Felsenburgh qu’il verrait et entendrait tout cela.

Plus d’une fois, durant cette longue et torride journée, Olivier alla voir, de nouveau, la petite pièce, dominé par les images terribles et attirantes qui s’en dégageaient pour lui. Non seulement il avait l’impression que cette boîte de métal allait faire de l’histoire ; il se disait encore que, de toute la surface du globe, d’autres vaisseaux semblables, poursuivant le même objet, — un objet d’une signification et d’une importance infinies, — se dirigeaient vers le même point, et que chacun, comme celui-ci, portait dans ses flancs une petite boule meurtrière. Là, sous le revêtement d’acier uni, se trouvait, pour ainsi dire, le maître victorieux de toute la civilisation intellectuelle et morale d’une ville. Les espoirs, les craintes, toute la vie de milliers d’hommes, à