Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/415

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Sa voix tremblait de passion : mais Sylvestre l’arrêta, en levant la main.

— Éminence, dit-il, il n’est pas besoin de récriminer ; nous n’avons plus même besoin de preuves, car ce qui devait se produire a en lieu ! Nous-même, d’ailleurs, Nous ne doutons point de la nature de l’acte commis par cet homme. C’est à lui que le Christ a donné la bouchée de pain, en lui disant : « Ce que tu es en train de faire, fais-le vite ! » Et lorsque cet homme eut reçu la bouchée, il sortit aussitôt, et déjà la nuit était venue.

Une fois encore, le silence tomba. On entendit seulement un long soupir, du dehors, derrière la porte. Sans cesse, de tels soupirs s’élevaient, lorsque s’éveillait l’un des voyageurs épuisés qui dormaient dans le couloir ; et ces soupirs étaient pareils à celui d’un homme qui, au sortir des ténèbres, retrouverait d’autres ténèbres remplaçant la lumière attendue.

Puis Sylvestre, de nouveau, parla. Et, tout en parlant, il se mit à déchirer, comme d’un geste machinal, un long papier, tout couvert de listes de noms, qu’il avait pris sur la table.

— Éminences, dit-il, il faut que vous sachiez ceci ! Il faut que vous sachiez que, du moins à ce que je crois, cette fin est venue dont a parlé Notre Sauveur, ce dernier temps du monde, dont aucun homme n’a connu le jour ni l’heure. Et Notre Sauveur a dit encore : Lorsque le Fils de l’Homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ?