Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/418

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ques instants encore, ces hommes vivaient, se trouva changé et transfiguré.

— Voyez, s’écria Sylvestre, voyez comme toutes choses attendent déjà le Juge qui s’approche ! De très loin, voici venir les aigles dont Il a parlé, conduits par le Prince qui « n’a rien en lui » !…

Il étendit ses mains, d’au mouvement brusque et large.

— Ne les voyez-vous pas ? s’écria-t-il ? Ne les voyez-vous pas ?

Et alors, pour un bref instant, le prêtre syrien qui l’écoutait eut, lui-même, un éclair de vision ; et, pendant quelques secondes aussitôt envolées, il put voir, lui-même, ce que voyait Sylvestre.

La mer immense s’étendait au-dessous de lui, noire sous le ciel sans étoiles, et piquée seulement, çà et là, d’une petite tache blanche qui trahissait son mouvement infini ; et, au-dessus d’elle, tout juste devant les yeux du Syrien, s’ouvrait la cabine illuminée d’un vaisseau volant. Un homme s’y tenait assis, à plus de mille pieds au-dessus des vagues ; un autre était assis en face de lui, et, entre les deux, se dressait une table toute couverte de papiers. L’un des deux hommes, d’un geste du doigt, désignait un point sur une carte ; et tous deux souriaient, le visage rayonnant d’attente et de plaisir. Les moindres détails de la scène apparaissaient avec une réalité merveilleuse : les douces lumières des lampes, le tapis épais et moelleux, la porte de cris-