Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/430

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de feu entourant un roi, et, au milieu d’elles, les rayons d’argent de l’ostensoir, et le cœur blanc de Dieu.

Et puis il déboucha dans la cour, dans cet espace libre où, déjà, la bataille se préparait.

Le ciel était passé maintenant d’une obscurité sinistre à une lumière non moins effrayante, une lumière d’un rouge de sang, qui semblait couler au-dessus du monde.

Depuis le Thabor, sur la gauche, jusqu’au Carmel, à la limite de l’horizon de droite, par dessus toutes les hauteurs d’alentour se dressait une énorme voûte de sang : aucune nuance dans ce rouge, aucune gradation du zénith à l’horizon : tout était de la même teinte profonde, comme un vrai sang qui coulerait à grands flots. Et il vit aussi le soleil, blanc comme tout à l’heure l’hostie, levé au-dessus du mont de la Transfiguration ; tandis que, là-bas, très loin, à l’occident, là-bas où autrefois des hommes avaient vainement appelé Baal, il vit pendre la faucille de la lune, également toute blanche.

In suprema nocte cœnæ.

chantaient des voix, non plus quarante voix, mais des myriades, un cœur immense, qui paraissait remplir toute l’intimité de l’espace.

Recumbens cum fratribus,

Observata lege plane,

Cibis in legalibus

Cibum turbæ duodenæ

Se dat suis manibus.