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le maître de la terre

dans le tourbillon triomphant de l’humanité nouvelle.

Il songeait que, en vérité, les faits extérieurs étaient étrangement forts contre la vieille foi, à l’heure présente ; et que cette foi, — sauf pour celui qui savait profondément que la volonté et la grâce sont tout, et que l’émotion pure n’est rien, — que cette foi se trouvait un peu dans la situation d’un enfant qui s’aventure à jouer au milieu de l’immense machinerie d’une usine en mouvement. Percy se demandait même jusqu’à quel point il avait le droit de blâmer la conduite du P. Francis, encore que sa conscience lui affirmât qu’il y avait, dans cette conduite, malgré tout, un élément blâmable et que notamment son ami, de tout temps, avait accordé trop de place au cérémonial, dans sa religion, tandis qu’il n’avait jamais eu le sentiment ni le goût profonds de la prière.

De telle sorte qu’il prit bien soin en tout cas, de ne rien laisser voir d’une compassion qu’il se reprochait, tout en ne pouvant pas s’empêcher de l’éprouver douloureusement.

— Naturellement, — reprit le P. Francis, d’un ton vif, — vous continuez à penser que tout cela est de ma faute ?

— Mon cher père, — répondit Percy, immobile sur sa chaise, — je sais que cela est de votre faute ! Écoutez-moi ! Vous dites que le christianisme est absurde et impossible ; or, vous n’ignorez point qu’il ne peut pas être cela ! Il peut être faux, — malgré ma certitude foncière