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le maître de la terre

nhaus, n’avait usé d’aucune des méthodes communément employées dans la politique moderne. Il n’avait dirigé aucun journal, n’avait attaqué personne, soutenu personne ; jamais il n’avait recouru au chantage ni aux pots-de-vin, jamais on n’avait pu alléguer contre lui aucune accusation de crimes monstrueux. Au contraire, sa principale originalité semblait consister dans la « propreté de ses mains » et dans son passé sans tache, comme aussi dans l’attirance magnétique de toute sa personne. Il avait pris le peuple par surprise, surgissant des eaux troubles du socialisme américain comme une vision…

La pensée de Percy revint aux problèmes qui l’avaient préoccupé toute la journée. De plus en plus, tout paraissait sans espoir. Il essayait de ne point songer à ses confrères du clergé ; mais, malgré lui, il ne pouvait s’empêcher de voir que ce n’étaient point là les hommes qu’il aurait fallu pour la situation présente. Non pas, certes, qu’il se préférât le moins du monde à eux ! Il sentait et savait parfaitement que, lui aussi, il était insuffisant pour sa tâche : ne l’avait-il point prouvé encore dans ses relations avec le pauvre P. Francis, et avec maints autres qui, durant les années dernières, avaient essayé de se raccrocher à lui ? L’archevêque lui-même, tout saint homme qu’il fût, avec sa foi enfantine, était-ce bien l’homme qui convenait pour conduire les catholiques anglais, et pour confondre leurs ennemis ? Non, la terre, décidément, ne comportait plus de grands hommes ! Et que faire ?