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le maître de la terre

— C’est le cœur qui est atteint ! dit le médecin, son examen fini. Elle peut mourir d’une minute à l’autre ; ou bien elle peut vivre encore dix ans !

— Croyez-vous que je doive télégraphier à mon mari ?

Il réfléchit, et fit de la main un signe négatif.

— Encore une fois, tout est possible : mais mon sentiment est qu’il n’y a point d’urgence !

Puis il ajouta quelques mots pour expliquer la manière de se servir de l’injecteur d’oxygène, et prit congé.

La malade reposait tranquillement dans son lit, lorsque Mabel remonta près d’elle. Elle lui tendit sa petite main ridée.

— Eh ! bien, ma chérie ? demanda-t-elle.

— Ce n’est rien qu’un peu de faiblesse, mère ! Il faut que vous restiez tranquille, et ne vous occupiez de rien ! Voulez-vous que je vous lise quelque chose ?

— Non, ma chérie ! Je vais sommeiller un peu !

Dans la conception que se faisait Mabel de ses devoirs, n’entrait point l’idée d’informer la malade du danger qui la menaçait : car, suivant la croyance de la jeune femme, il n’existait point de fautes passées à réparer, ni de jugement à affronter à l’heure de la mort. La mort était une fin, et non pas un commencement. Et ainsi, Mabel, après avoir vu sa belle-mère s’assoupir doucement, redescendit, pour travailler et rêver, dans son petit salon.