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DÉONTOLOGIE.

l’homme vicieux fait une estimation erronée des plaisirs et des peines. S’il n’a fait cela, il n’a rien fait ; car, comme nous l’avons dit plus haut, il est dans la nature des choses, qu’un homme s’efforce d’obtenir ce qu’il croit devoir lui procurer la plus grande somme de jouissances. En écrivant cet ouvrage, nous avons pour objet le bonheur de l’humanité, le bonheur de chaque homme en particulier, ton bonheur, lecteur, et celui de tous les hommes. Ce que nous nous proposons, c’est d’étendre le domaine du bonheur partout où respire un être capable de le goûter ; et l’action d’une âme bienveillante n’est pas limitée à la race humaine ; car si les animaux que nous appelons inférieurs n’ont aucun titre à notre sympathie, sur quoi s’appuieraient donc les titres de notre propre espèce ? La chaîne de la vertu enserre la création sensible tout entière. Le bien-être que nous pouvons départir aux animaux, est intimement lié à celui de la race humaine, et celui de la race humaine est inséparable du nôtre. Il serait, certes, grandement à désirer que quelque moraliste bienfaisant prît les animaux sous sa protection, et revendiquât leurs droits à la protection des lois et à la sympathie des hommes vertueux. Ce vœu est peut-être préma-