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102 DÉONTOLOGIE.

Mais on nie la proposition, car, si cette proposition est vraie, s'écrie un faiseur d’objections, où est la sympathie ? où est la bienveillance ? où est la bienfaisance ? On peut répondre qu’elles sont où elles étaient.

Nier l’existence des affections sociales, ce serait nier le témoignage de l’expérience de tous les jours. Il n’est pas de sauvage abruti chez qui on n’en retrouve quelques vestiges.

Mais le plaisir que j’éprouve à faire plaisir à mon ami, ce plaisir n’est-il pas à moi ? La peine que j’éprouve lorsque je suis témoin de la peine de mon ami, cette peine n’est-elle pas la mienne ? Et si je ne ressentais ni plaisir ni peine, où serait ma sympathie ?

Pourquoi donc, répète-t-on encore, perdre le temps à prescrire une conduite que chacun, en toute occasion, adopte pour lui-même, à savoir, la recherche du bien-être ?

Parce que la réflexion mettra l’homme à même d’estimer avec plus d’exactitude la conduite qui doit laisser après elle les plus grands résultats de bien. Il se pourra que, cédant à des impressions immédiates, il soit disposé à suivre une ligne de conduite donnée, dans la vue d’assurer son bien-être ; mais un examen plus calme et plus large lui montrera que, somme toute, cette conduite