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SCIENCE DE LA MORALE. 55

même phrase, et jusqoes dans les mots suivans, la matière complexe, avec un sive~ Sive vizione et fruitone Dei ; c’est~à-dire, la vision et la fruition, la vue et la jouissance de Dieu.

Ce sont deux choses, deux choses distinctes, et ces choses distinctes sont synonymes de l’idée du bon, de la vue de Dieu, la jouissance de Dieu. Ce ne peut être le Dieu du christianisme, le Dieu de la Bible ; car, on ne peut le voir, il est invisible. Qu’entend-on par le dieu des platoniciens et des académiciens ? Duquel de leurs dieux, car ils étaient païens et avaient des dieux par centaines, ont-ils jamais joui ? Et comment en ont-ils joui ?

Mais nous sommes encore en pleine mer ; et une autre secte s’écrie « l’habitude de la vertu. » L’habitude de la vertu est le souverain bien. C’est le joyau lui-même, ou c’est l’écrin dans lequel on le trouvera. Restez toute votre vie au lit, avec le rhumatisme dans les reins, la pierre dans la vessie, et la goutte aux deux pieds. Il suffit que vous ayez l’habitude de la vertu, et le souverain bien est à vous. Grand bien vous fasse. Il est clair que vous ne trouverez aucun obstacle dans votre condition. Nul doute que la vertu négative ne soit vertu. Il ne vous sera pas facile de tomber dans la pratique du vice ; et le siëge