Page:Bentham - Déontologie, ou science de la morale, tome 1.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

58 DÉONTOLOGIE.

est un bien solide et qui ne peut se perdre facilement. Avec cette assurance, vous avez les motifs et les raisons sur lesquelles elle est basée. « Car, dit-il, la vertu qui lui sert de base (le souverain bien étant lui-méme la vertu) ne peut nous être enlevée malgré nous, et sa perte ne suit pas immédiatement la perte des avantages du corps et de la fortune. En un mot, par la perte des avantages extérieurs, l’essence de la félicité ne nous est point ravie ; elle est seulement diminuée, et son intégrité mutilée.»

Mais il y avait une autre classe de philosophes, vrais pourceaux qui ne voyaient pas les visions et ne partageaient pas les jouissances des platoniciens et des académiciens avec leur divinité ou leurs divinités ; et qui, avec les stoïciens, ne venaient pas échouer sur leurs habitudes de vertu : c’étaient les sensuels disciples d’Ëpicure. Le souverain bien étant le but proposé, où le cherchèrent-ils ? qui l’eût cru ? Tout pourceaux qu’ils étaient, ils le cherchèrent dans le plaisir : ainsi le dit le professeur. Oui, dans le plaisir, et dans le plaisir corporel encore ! Cependant il y a évidemment erreur là-dedans. Que le plaisir fût pour eux le plaisir, c’est assez probable ; mais que, dans leur énumération des plaisirs, ils aient omis de faire entrer les plaisirs non