SCIENCE DE LA MORALE. 69
bien. Que notre philosophe vienne alors, avec sa théorie sur l’organisation de notre nature, essayer de battre en brèche la félicité du théoricien ; celui-ci en croira-t-il ses sens qui lui disent qu’il a le souverain bien, ou le philosophe qui lui affirme le contraire ?
Enfin qu’il rejette bien loin de lui les platoniciens, les académiciens et les stoïques ; que ceux-ci soient dans l’erreur autant qu’il lui plaira ; mais, pour le reste, il n’en est aucun d’aussi complètement dans l’erreur que lui-même. Chacun d’eux, qu’il ait ou n’ait pas trouvé le souverain bien, a du moins trouvé quelque bien ; mais notre philosophe n’a pas trouvé un seul atome de bien là où il l’a cherché. Comment l’y aurait-il trouvé ? Ce n’était pas là qu’il était. Les autres ont pu être dans l’erreur ; mais ils ne se sont pas contredits ; ils n’ont pas détruit dans une phrase ce qu’ils venaient d’établir dans la phrase précédente.
Son souverain bien, tout souverain bien quel qu’il soit, n’aboutit à rien sans une portion de ces autres choses qu’il affecte de fouler aux pieds et sur lesquelles il déverse ses mépris. Mais dans quelle proportion ? Il ne prétend pas le savoir. La dose doit être modérée ; c’est tout ce qu'il en peut dire. Avec tout autre souverain