Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/113

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mouche sur des lèvres rieuses, je m’emparais de ce talisman pour quitter à tire-d’ailes le salon de jeu et m’envoler bien loin. Au bout du voyage apparaissait toujours la maisonnette de N***. Mon âme y était restée dans mille liens imperceptibles, mais qui ne lâchaient pas prise. Comment avais-je pu m’éloigner ? À quoi servirait cet effort ? Le temps était passé pour moi des enthousiasmes qui s’évaporent ou se transforment, des caprices d’imagination dont on guérit. Je le sentais à l’indifférence profonde où me laissaient les artifices de coquetterie d’un escadron volant de belles joueuses, prêtresses du hasard sous toutes ses formes et acharnées à prouver au comte de Brenne, heureux à la roulette, qu’il dépendait de lui d’être heureux en amour.

L’oubli eût-il été possible, je n’en aurais