Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/150

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le saisit ; en même temps son insurmontable timidité l’arrêtait ; il passa dans la contre-allée et regarda entre les branches, sans oser avancer.

Une petite brise venant de la Loire ébranlait les acacias, dont les fleurs tombaient autour de Suzanne comme une pluie de neige. Elle était assise ; ses yeux, fixés sur la route qui serpente au bas du coteau, semblaient interroger attentivement l’horizon ou le ciel ; à quoi pensait-elle ? Qui pouvait-elle attendre ?

Félix ne se le demanda pas longtemps.

Le pas d’un cheval avait retenti ; elle prêta l’oreille ; puis il la vit bondir, ses traits s’éclairèrent subitement et elle courut vers le château, effleurant à peine la pelouse, avec des mouvements d’oiseau. Une des barrières donnant sur l’avenue s’ouvrit alors. Gaston parut,