Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/152

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La scène dont il venait d’être témoin nuisit un peu à cette jeune fille dans son esprit, car il était médiocrement romanesque et peu indulgent pour les petites hypocrisies qui jouent la pudeur.

— La femme que j’épouserai, se dit-il, viendra gaiement me tendre la main avec une bonne parole ; elle ne baissera pas les yeux en ma présence pour ramasser derrière moi une fleurette échappée de ma boutonnière. Vous êtes trop passionnée et pas assez franche à mon goût, mademoiselle Suzanne.

Et il fouettait l’herbe du bout de sa canne avec cette irritation involontaire qu’éprouve tout homme, fût-il un sage, quand il voit une femme, même indifférente, presque inconnue, accorder à un autre un témoignage de préférence.