Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/236

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lorsqu’un rayon de soleil les frappe, l’arc-en-ciel y flamboie. C’est d’un goût détestable, sans doute, mais c’était de mode au dix-huitième siècle.

Enfants, Gaston et Suzanne avaient eu en grande admiration la laiterie des Roches. Ils y avaient passé des journées à jouer, à parader, comme des princes de contes de fées, sous ces voûtes scintillantes qu’ils n’avaient jamais cru l’œuvre d’une main humaine. Quelque esprit, elfe ou ondin, avait seul pu créer pareille merveille d’un coup de sa baguette ; on n’y entrait qu’avec recueillement ; on y parlait tout bas avec une sorte de crainte superstitieuse. En grandissant, Suzanne s’était de plus en plus attachée à ce réduit, qui lui rappelait les jours écoulés ; elle s’enfermait souvent dans le pavillon pour lire, pour dessiner, pour