Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/239

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sence d’un témoin ne suffisait pas à dissiper l’émotion qui les oppressait tous les deux ; mais ni l’un ni l’autre n’avait suffisamment de présence d’esprit pour s’en apercevoir, occupé que chacun était à dissimuler ce qui se passait en soi.

Le soleil commençait à baisser ; le bleu du ciel devenait sombre ; la lumière n’entrait plus que discrète et voilée.

— Partons ! dit brusquement Suzanne.

En ce moment, la fermière était allée chercher un dernier plat de fruits ; sa fille, prenant le mot de madame d’Aubray pour un ordre, courut dire qu’on sellât les chevaux, et ils restèrent seuls, aussi troublés l’un que l’autre de cette solitude.

Suzanne s’était approchée de la fenêtre et tournait le dos à Gaston, qui la contemplait de