Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/244

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Bien qu’on assure le contraire, la nuit est mauvaise conseillère ; du soir au matin, une passion à peine éclose peut s’exalter singulièrement. Le sommeil ne lui apporta ni repos ni trêve, rien que des visions enivrantes. Lorsqu’il s’éveilla, une teinte grise éclairait faiblement sa chambre. Il courut à la fenêtre et appuya sur la vitre, baignée d’une fraîche vapeur, son front qui brûlait.

Le parc était encore noyé dans le crépuscule de l’aube ; les étoiles blanchissaient, cédant la place aux premiers rayons du soleil qui semblait sortir du sein empourpré de la Loire. Les fils de la Vierge se balançaient aux branches ; les oiseaux berçaient mélodieusement leur couvée encore endormie ; une cloche grêle tintait l’Angelus ; tous les cantiques de la première heure vibraient dans l’atmosphère.