Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/44

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à une âme digne de lui ? Mais comment le savoir ? Jamais, par signe ni par écrit, mademoiselle de Mareuse n’avait daigné converser avec moi. Était-ce mépris ? timidité ? Cette dernière hypothèse ne se conciliait guère avec des allures de Bradamante, très-hautaines, mais qui ne l’empêchaient pas d’accepter les hommages, ni même, comme je m’en aperçus dans la suite, de les provoquer. Parmi tous les jeunes gens qui l’entouraient, j’étais le seul qu’elle parût fuir, presque redouter ; il lui arrivait de pâlir lorsque j’approchais d’elle.

Eh bien ! si je ne craignais de laisser entrevoir une fatuité incompatible avec ma situation, j’avouerais que cette manière d’être exceptionnelle ne me blessait pas trop, et que je la préférais à l’accueil banal que recevaient