Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/71

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tre. Mais le Lépreux, quoique retranché comme moi du nombre des vivants, trouve du charme au chant de la brise dans les noisetiers de son jardin, à celui des jeunes filles qui passent, à la pieuse voix de sa sœur invisible, au murmure lointain et confus de la joie, et je me prenais à l’envier. Furey me rencontra souvent dans le parc, assis près du grand escalier encadré de rochers, sur lequel retombe un jet d’eau et que surmonte un sphinx en marbre, demandant ce que doit être la douceur, la tendresse, l’harmonie dans le son, à cette cascade dont l’éternelle agitation semblait me railler, tandis que l’immuable sourire du sphinx répétait : — Cherche et devine !

Il me prenait par le bras :

— À quoi bon, mon pauvre enfant, à quoi bon ?