Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/95

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Brenne, tout en relevant sur son bras pour marcher avec plus de grâce les plis moelleux de sa robe, éveillait-elle la méfiance chez cette enfant par des insinuations perfides, irréparables ? Qu’en savais-je ? Il me semblait pourtant étrange qu’après avoir refusé de voir en moi un homme, elle ne me laissât pas le bénéfice de ma triste situation, lorsque je me dévouais fraternellement à une autre. J’avoue que sur ce point je me perdis en conjectures de toutes sortes, sans m’arrêter à la plus vraisemblable, que je n’attribuai pas ses manéges à une âpre et sordide convoitise d’argent. Les humiliations de mon premier amour, les angoisses de mon premier deuil, toutes les désillusions, les misères, les douleurs du passé ressuscitèrent vives et poignantes comme à l’heure même où je les avais subies, dominées par un supplice