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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

barbistes attendaient leur pourboire et le reçurent le sourire aux lèvres, en bénissant leur cher petit maître, leur joli petit maître.

Bien entendu, les nombreux amis que M. de Lorme comptait dans la ville ne lui permirent pas de rester à l’hôtel, et Yette fut encore fêtée ; on la promena sur la magnifique savane qui s’étend du Carénage à la baie des Flamands, et de l’hôtel du Gouvernement au fort Saint-Louis, sombre et majestueux sur le rocher dont il semble faire partie. C’est là que se réunissent matin et soir tous les habitants de Fort-de-France, de Fort-Royal, comme on disait naguère en souvenir du temps où la ville se composait de quelques cases placées sous la protection du canon, et n’était guère peuplée que des défenseurs et des employés de la place forte.

Au milieu de la savane se dressait la statue d’une jolie dame qui, — on eut soin de l’expliquer à Yette — partit, elle aussi, toute jeune pour la France où elle devint, selon la prédiction d’une vieille négresse, plus que reine. La statue de Joséphine est placée en face du bourg des Trois-Ilets, où naquit la créole impératrice ; mais Yette n’accorda qu’une médiocre attention à ce qu’elle prit pour un conte de fées.