Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

120
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

Mlle Aubry hocha la tête ; néanmoins elle continuait toujours à caresser de la main la chevelure brune de Yette.

« Il faudra couper cela, » dit-elle après réflexion.

Yette et la da jetèrent un cri simultané : ces tresses épaisses et luisantes étaient leur orgueil.

« Vous y tenez ? soit ; nous attendrons pour accomplir le sacrifice que vous nous le demandiez vous-même. Cela ne tardera pas. Vous verrez les inconvénients. Ici on ne garde rien de superflu. Et à propos, chère madame, poursuivit la maîtresse de pension s’adressant à Mme Darcey, j’ai vu dans la cour une quantité de malles que je ne pourrais loger. Nous vous les renverrons après en avoir tiré le trousseau réglementaire.

— Et ma poupée, réclama Yette.

— Et votre poupée, bien entendu, dit avec un sourire Mlle Aubry.

— Et les confitures donc ! insinua la da.

— Oh ! quant aux confitures !… Oui, quelques pots pour les goûters de quatre heures. »

La da fit la grimace en pensant que Yette en serait réduite aux repas réguliers.

« Vous prendrez bien aussi dans mes bagages les habits de ma da ?. reprit Yette.