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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

tion de quatre heures, si elles veulent bien te rapporter Nana.

— Et me demander pardon, » ajouta Yette, acceptant d’un signe de tête.

Héloïse était décidément moins stupide qu’on ne le croyait. Elle avait su deviner le côté faible du camp ennemi, et en même temps elle s’assurait une part des fameuses marmelades, au mérite desquelles elle était loin d’être indifférente.

Yette obtint aussitôt non seulement sa poupée, mais encore les excuses demandées. Nana avait bien le nez un peu plus écrasé qu’auparavant, les broderies de sa chemise étaient souillées de boue, son collier de courbaril s’était rompu, et toutes ses articulations restaient légèrement disloquées, mais Yette ne l’en aima pas moins. Il lui semblait qu’elles avaient souffert ensemble.

Dans l’après-midi, plusieurs des meneuses furent punies sur la dénonciation de Mlle Agnès. Yette demanda généreusement que la punition n’allât pas jusqu’à les exclure de la distribution des confitures, et s’attira ainsi sans calcul leur tardive bienveillance. Elle présida elle-même à l’ouverture du panier descendu dans la cour avec l’autorisation de Mlle Aubry. Ce jour-là le goûter ne fut pas de pain sec, et les cris de « Vive la créole ! »