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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

les feuilles, faisant battre les portes et les fenêtres. Après leur rapide passage, le calme s’est de nouveau rétabli ; mais bientôt ce sont des torrents de pluie. Tout à coup le vent recommence, d’une façon continue cette fois ; il grossit de minute en minute, passe du sud à l’est, puis au nord, puis à l’ouest, fait enfin tout le tour du compas. Les arbres, qui avaient déjà perdu leurs branches principales, sont maintenant déracinés violemment, La mer se gonfle à des hauteurs effrayantes ; plus d’un navire est englouti ! La maison perd-elle une tuile, le vent s’engouffre par l’ouverture et, ne trouvant pas d’issue, fait sauter toute la toiture. Quand une porte est enfoncée, vite il faut boucher le passage ouvert au vent, et, si l’on n’y peut réussir, on s’empresse de tout ouvrir, d’abattre même les cloisons qui pourraient ralentir la sortie du courant d’air ; on préserve ainsi un bâtiment de la destruction totale, autrement il éclaterait comme une bombe. Toutes les cases couvertes en paille qui ne se trouvent pas dans un pli de terrain sont balayées, les cannes couchées.

M. de Lorme, résolu à préserver, sinon sa récolte, au moins les bâtiments, n’avait cessé d’être au plus fort du danger, donnant des ordres, soutenant le courage des travailleurs qui disputaient