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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

taient, graves, anxieux ou étonnés, un regard ravi.

« Je suis si contente ! Il me semble avoir grandi d’une coudée depuis hier. Mais je ne vous raconte pas ce qui s’est passé ! J’ai parlé à cœur ouvert à Mlle Aubry, je ne lui ai rien caché de notre situation ni de mon désir de me rendre utile. Alors elle m’a dit :

« Avant tout, il faut vous assurer vos diplômes ; nous verrons ensuite.

— Mais, mademoiselle, cela prendra au moins trois ans ! »

« Trois ans !… Je calculais en moi-même les dépenses qu’eussent entraînées pour vous, monsieur Darcey, ces trois années de pension ! Songez donc ! ma sœur et moi !… — Mlle Aubry a compris :

« Dès à présent, m’a-t-elle dit, je pourrais vous charger d’une petite classe, la classe de couture. Vous êtes très adroite, vous vous entendez à tous les petits ouvrages d’aiguille, et je suis sure que, si une heure par jour était consacrée à ce genre de travail, bon nombre de ces demoiselles voudraient être vos élèves. Et puis, tout en étudiant pour votre compte, vous donneriez encore quelques répétitions aux plus petites ; vous avez fait