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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/293

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JOURNAL DE CORA.

admiré leur beau plumage noir et constaté une fois de plus que leur bec reste noir aussi, contrairement à ce que nous dit sœur Yette des merles d’Europe. Le soir, les captifs libérés se réunissaient tous sur les branches élevées d’un courbaril[1], et se félicitaient sans doute, par leurs cris assourdissants, d’avoir échappé au danger de la cage et de la broche. Quelle différence entre ce tapage discordant du soir et leur joli chant du matin que les nègres appellent la prière des merles ! Te rappelles-tu quand notre da nous faisait écouter la petite phrase musicale qui, avec un peu de bonne volonté, permet d’entendre : « Merle, prie Dieu, prie Dieu ! »

3 avril.

Nous avons, cette année, jusqu’à cinq paires de rossignols nichées sous le toit de la maison,

  1. Le courbaril est un des arbres les plus hauts et les plus magnifiques du pays ; son écorce est grise, son bois rouge et massif ; ses feuilles, de moyenne grandeur, poussent doubles sur chaque tige, de sorte qu’elles ont la forme d’un pied de chèvre fendu au milieu. Il porte un grand nombre de fruits durs, revêtus d’une écorce, et qui renferment à l’intérieur, avec de gros noyaux, une farine fibreuse, dont on peut faire un pain ayant goût et couleur de pain d’épice.