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MALENTENDU.

pour me tourmenter, méchante ? tu l’épouserais volontiers ?…

— Moi ? Non vraiment ! Et c’est fort heureux, puisque ce n’est pas à moi qu’il pense !

— Que dis-tu ? Il m’a fait demander ta main ce matin même…

— Ma main !… Tu rêves encore !

— Je t’affirme que Mlle Aubry n’est venue que pour s’acquitter de la mission qu’il lui avait confiée.

— Impossible ! Il y a confusion ! Serait-elle devenue folle, Mlle Aubry ?… Dans quels termes a-t-elle donc fait sa demande ? Rappelle-toi bien !

— Elle m’a dit qu’elle venait solliciter pour M. Franz Mayer la main de Mlle de Lorme. Est-ce clair ?

— Très clair ! — Et Cora partit d’un grand éclat de rire, — clair pour tout le monde, excepté pour toi. Ce n’est pas Mlle Aubry qui est folle, c’est toi, ma pauvre Yette ! folle de sacrifice, folle d’abnégation, folle d’oubli de toi-même ! Mesdélices a bien raison : « I jamais pense à li !» Est-ce croyable ?… Toi, mon aînée, toi, si supérieure à moi de toutes façons, tu t’es figuré qu’un homme raisonnable songerait à la petite Cora, quand il avait sous les yeux un modèle de bonté,