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CONCLUSION.

gagerai jamais à vivre en ermite ; seulement, nous chercherons le bonheur avant l’éclat, et nous écouterons toujours la raison quand elle nous parlera par la bouche de Yette. »

Les deux mariages eurent lieu le même jour à la même église. Mlle Polymnie fut la demoiselle d’honneur de Cora, mais Yette ne voulut pas en avoir d’autre que son humble inséparable d’autrefois, la bonne Héloïse Pichu. Elle retrouva, et avec quelle satisfaction ! en la personne d’un des témoins de Maxime, le brave capitaine du Cyclone, encore superbe sous ses cheveux grisonnants. La reconnaissance entre eux fut touchante, et l’excellent cœur de l’ancien marin se manifesta d’une façon si sympathique en cette circonstance, que Mlle Polymnie déclara n’avoir jamais rencontré d’homme plus aimable. Les événements avaient été favorables à l’ex-capitaine, devenu l’un des gros armateurs de Nantes, grâce à l’héritage d’un arrière-cousin nabab. Il était riche, mais toujours célibataire, une sorte de timidité farouche, contractée à bord, le rendant (il en convenait lui-même) maladroit avec les dames. « Et puis, ajoutait-il, je suis bien vieux pour me marier ! » En parlant, il regardait du coin de l’œil, avec un profond soupir, Mlle Po-

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