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L’AJOUPA DE MAX.

un ajoupa de bambou couvert en feuilles de balisier, et là de vivre de sa pêche.

« Où trouve-t-on les grands bois ? demandait Yette. J’aimerais mieux cent fois y aller que de me laisser enfermer dans une vilaine pension.

— Oh ! répondit Max, ils ne sont pas bien loin. À dix minutes de marche du fond Saint-Denis où demeure bonne maman, on voit la Porte-d’Enfer qui est comme l’entrée des bois…

— Comment ! il faut traverser l’Enfer pour arriver aux grands bois ? s’écria Yette en reculant d’un pas.

— Petite folle ! dit Max d’un air de suffisance, c’est le nom d’un rocher. Deux blocs énormes forment comme un porche, et dans le fond on entend le mugissement d’une chute d’eau dont la vapeur vient vous frapper la figure. C’est effrayant ! »

Et, à grands renforts de gestes, il entreprit de dessiner sur le sable avec son bâton de cerceau le chemin taillé en corniche qui s’accroche au flanc de la montagne, avec le précipice à droite, au fond duquel coule la rivière. Et puis, tout à coup, le chemin s’arrête, comme si une portion de la montagne s’était écroulée, le précipice vous entoure,