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PRÉFACE


La Poésie des Anglo-Saxons


Les vers anglo-saxons se composent de deux sections ou hémistiches réunis par l’allitération et par certaines règles prosodiques qu’il serait trop long d’énumérer ici. L’allitération qui en est le trait caractéristique porte ordinairement sur trois mots, quelquefois sur plus, rarement sur un moins grand nombre ; grâce à cette règle, commune aux anciennes langues du Nord, plusieurs mots commencent par la même lettre dans un vers ; quelquefois cependant des lettres ou des diphtongues différentes peuvent être reliées par l’allitération (comme il en est pour toutes les voyelles). On appelle lettre principale[1] la lettre allitérante qui se trouve dans la deuxième section du vers, et qui est ordinairement la seule de cet hémistiche ; les lettres allitérantes de la première section s’appellent sous-lettres[2]. Les poètes anglo-saxons paraissent avoir joui de la plus grande liberté pour l’exécution de leurs œuvres : ils n’étaient astreints qu’aux règles prosodiques dont il vient d’être parlé et qui, dans les poëmes de la meilleure époque comme celui de Beowulf, paraissent avoir été respectées dans presque tous les cas. Les compositions métriques des Anglo-Saxons se font surtout remarquer par une abondance excessive de périphrases et de synonymes qu’on ne peut mieux comparer qu’à ces rejetons sauvages qui poussent sur les arbres privés d’un entretien suffisant. Ce sont ces périphrases, non moins que la présence d’épisodes historiques fort

  1. C’est la lettre que les poëtes islandais appellent hoefuthstafr.
  2. Chaque vers contient quatre syllabes accentuées et c’est sur elles que porte toujours l’allitération.