Page:Beowulf, trad. Botkine.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35

meurtre. Je peux donner un bon conseil à Hrothgar à ce sujet et l’aviser de la manière de terrasser l’ennemi : il faut savoir si le temps de tribulation peut cesser pour faire place à des jours meilleurs, ou bien s’il faut toujours que Hrothgar endure des souffrances tant que demeurera sur ses fondements le plus beau des édifices3.

Le gardien de la côte répondit :

« Tout bon guerrier doit connaître la différence qui existe entre les paroles et les actes. J’entends dire que cette troupe est dévouée au seigneur des Scyldingas : venez4, je vous servirai de guide. Je vais donner l’ordre à mes gens de bien garder votre barque contre tous les ennemis, afin qu’elle puisse porter de nouveau votre chef quand il retournera à la frontière des Wederas. Puisse-t-il être donné à un si vaillant guerrier de traverser sans accident la mêlée des batailles ! »

Ils partirent alors. — Le navire resta immobile, attaché à ses cordes, ferme sur son ancre. — Le signe du sanglier brillait sur les visières ; le sanglier montait la garde5. — Les guerriers marchèrent ensemble rapidement jusqu’au moment où ils purent apercevoir Heort (c’était le plus beau des édifices sous le ciel et c’est là que se tenait Hrothgar ; l’éclat de la salle se répandait sur de nombreux pays). Le gardien de la côte le leur montra, afin qu’ils pussent s’y rendre seuls, puis, faisant tourner bride à son cheval, il leur dit ces paroles6 :

« Il est temps que je parte. Que la grâce du Père tout-puissant vous garde en santé pendant vos entreprises ! Moi, je me rends à la mer pour monter la garde contre les ennemis. »

VI

La route était bigarrée de pierres ; elle indiquait la direction aux guerriers1. La cotte de mailles brillait, l’épée luisante chantait en se choquant contre les armures. Tout à coup ils arrivèrent à la salle.