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Page:Beowulf, trad. Botkine.djvu/58

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sauver sa vie. Ce sacrifice ne lui a été d’aucune utilité, car l’esprit de perdition ne vit plus ; la blessure qu’il a reçue l’a emprisonné sous une chaîne fatale ; c’est ainsi qu’il attendra maintenant jusqu’au jour du jugement la conscience toute chargée de crimes la sentence qu’il plaira à Dieu de prononcer contre lui. »

Hunferth se taisait ; il ne se vantait plus de ses exploits guerriers depuis qu’il voyait les yeux de l’assistance tournés vers la main qui remplissait le toit comme un témoignage de la valeur de Beowulf. Chacun des ongles de cette main était ferme comme l’acier et l’ensemble formait une serre énorme5. Tout le monde disait qu’aucune épée n’avait de prise sur Grendel ni n’aurait pu lui arracher sa main.

XVI

On ordonna que les mains orneraient l’intérieur de Heort ; grand nombre d’hommes et de femmes furent occupés à parer la salle. Les tissus d’or brillèrent sur les murailles et beaucoup de merveilles s’étalèrent aux yeux des spectateurs. Le bel édifice était beaucoup endommagé intérieurement. Les gonds des portes étaient arrachés ; le toit seul était resté intact quand Grendel, désespérant de son salut, avait pris la fuite.

C’était le temps où le fils de Healfdene se rendait à la salle pour prendre part au banquet. Jamais à ma connaissance on n’avait vu une tribu composée de tant de guerriers se mieux comporter en présence de son monarque. Ils allèrent alors prendre place à leurs bancs et se réjouirent de la bonne chère. — Hrothgar et Hrothulf reçurent de nombreuses coupes d’hydromel dans Heort. L’union régnait dans l’intérieur de la salle ; les Theod-Scyldingas s’abstenaient en ce moment de commettre aucun acte répréhensible. Alors le fils1 de Healfdene donna à Beowulf en récompense de sa victoire une bannière d’or avec sa poignée, un casque, une cotte de mailles,