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XXXIV

Il pensa par la suite à venger la mort de son souverain et fut l’ennemi1 du fugitif Eadgils. Le fils d’Ohthere traversa la mer avec une troupe de guerriers ; Beowulf accomplit sa vengeance en tuant le roi. Ainsi le fils d’Ecgtheow avait résisté à tous les combats jusqu’au jour où il affronta le dragon. — Il alla voir la bête en compagnie de onze hommes, (il connaissait alors la raison de la guerre faite à son peuple ; la coupe de prix lui avait été remise de la main de l’auteur de la découverte). Le fugitif accompagnait la troupe comme guide ; il était retenu par des entraves et c’était à contre-cœur qu’il marchait vers la demeure du dragon. Le chemin qui conduisait à cette demeure n’était pas facile à suivre. — Beowulf s’assit sur un cap pendant qu’il faisait ses adieux à ses compagnons ; son âme était remplie de tristesse et d’idées de mort : le destin avait fixé à bientôt le terme de sa vie et il devait céder devant ses arrêts. — Beowulf, fils d’Ecgtheow, parla ainsi :

« Pendant ma jeunesse j’ai pris part à de nombreux combats et j’en ai gardé fidèlement la mémoire. J’avais sept hivers quand le roi me prit des mains de mon père ; le roi Hrethel me garda ; il me donna des parures, me convia à des festins : je ne fus pas plus mal vu dans sa maison que Herebeald, Hæthcyn ou Hygelac, ses enfants. — Herebeald, l’aîné de ses fils, tomba ensuite sous la flèche de son frère Hæthcyn : Hæthcyn manqua son but et le frappa à mort. Ce fut un coup irréparable et le roi dut quitter la vie sans en avoir tiré vengeance, (car il paraît dur à un vieillard de voir son fils suspendu au gibet : ce triste spectacle lui fait pousser à bon droit des gémissements). Aucun jour ne se passait sans qu’il se rappelât la mort de son fils ; il ne se souciait plus d’attendre un autre héritier2 maintenant que Herebeald était tombé sous les coups de son frère. Il regardait mélancoliquement la salle déserte de son fils. »