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de la gloire, si le dragon vient me trouver hors de sa demeure souterraine. »

Il salua ensuite chacun des guerriers pour la dernière fois :

« Je ne porterais pas mon épée contre le dragon si je savais comme jadis pour Grendel qu’il existât une autre manière de remplir l’engagement que j’ai pris contre le monstre, mais je m’attends à affronter une flamme brûlante et c’est pourquoi je me suis muni de mon bouclier et de ma cotte de mailles. Je ne reculerai pas d’un seul pas devant lui, mais il arrivera de cela ce que voudra le destin. Mon âme est vaillante, mais je ne veux pas jeter de défi à l’ennemi. Quant à vous, restez sur la montagne, voyez qui de nous deux pourra mieux résister aux blessures ; ceci n’est pas votre affaire : aucun homme, à l’exception de moi, ne peut lutter avec le monstre. Je me rendrai maître du trésor par ma vaillance ou la mort terrible prendra votre roi ! »

Le hardi guerrier se leva ensuite et alla sous le rocher ; il avait foi dans sa force. Il vit près du mur — il était placé3 sur une arche de rocher — un cours d’eau qui s’échappait de la colline ; les eaux de cette source bouillaient du feu des combats ; — il ne pouvait rester un seul moment dans l’abîme sous peine d’être brûlé par la flamme du dragon. — Le prince des Weder-Geatas laissa échapper des paroles de colère de sa poitrine ; sa voix retentit bruyamment sous le rocher. Le dragon s’entendit provoquer et il ne fut plus temps dès lors de courtiser son amitié. On vit sortir du rocher son souffle chaud et humide ; la terre tremblait. Beowulf brandit son bouclier contre le dragon : alors celui-ci s’apprêta à le combattre. Le héros avait tiré son épée. Les deux adversaires s’inspiraient une mutuelle terreur. Beowulf s’appuya sur son bouclier pendant que le dragon enroulait rapidement ses replis ; il attendait la bête avec ses armes. Elle s’avança alors au milieu des flammes : Beowulf leva la main et la