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portez sur vous (quand, au banc de la bière, il distribua aux chevaliers des casques et des cottes de mailles) a tout à fait gaspillé les équipements de guerre. Il n’a pas eu à se vanter de ses compagnons d’armes, pendant le combat, mais Dieu lui a accordé, comme il manquait de monde, de se venger seul avec la pointe de l’épée. — Je ne pus lui procurer le salut dans le combat et cependant je l’aidai au delà même de mes forces. Mais j’étais toujours trop faible quand je frappais le dragon de mon épée ; le feu s’échappait alors plus rapidement de sa poitrine. Trop peu d’hommes se pressèrent autour de leur roi en ce moment. Maintenant votre race sera privée entièrement des plaisirs du foyer, des ressources de l’existence ainsi que de la part au trésor ; vous serez dépouillés de vos privilèges quand les chefs de votre pays connaîtront votre fuite, votre indigne action. Mieux vaut la mort qu’une vie ignominieuse ! »

XL

Il fit ensuite porter au peuple la nouvelle du combat. Les guerriers restèrent assis toute la matinée sur le rocher de la mer, hésitant entre la croyance à la mort de Beowulf et l’espoir en sa résurrection. — Le messager ne cacha rien des tristes nouvelles, mais il adressa à tous ces paroles :

« Le prince des Wederas est maintenant étendu sur son lit de mort : il a péri dans la lutte contre le dragon ; le dragon, lui aussi, a succombé sous le couteau et gît à côté du roi, — l’épée n’avait pu faire le moindre mal au monstre. Wiglaf, fils de Weohstan, est assis sur Beowulf et soutient la tête1 du prince. Le peuple peut s’attendre à la guerre, quand la mort du roi sera connue2 chez les Francs et les Frisons. Les hostilités commencèrent avec force contre les Hugas après que Hygelac fut allé avec son armée dans le Fresnaland ; c’est là qu’il périt dans le combat sous les coups des Hetware ; ceux-ci arrivèrent en hâte avec leur nombreuse troupe, et le tuèrent au milieu