Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/72

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[et] se lamenta en complaintes. Le guerrier combattant monta dans
les flammes]. Le plus grand des feux de carnage surgit en volutes vers
1120 les nuages, retentit au-dessus du tertre ; les têtes fondirent,
les blessures béantes éclatèrent ; alors le sang jaillit
par la morsure hostile [la blessure] du corps. La flamme, le plus avide
des esprits, dévora tous ceux des deux peuples que le combat
avait enlevés là ; leur souffle[1] était parti. »


XVII.


« Lors les guerroyants s'en allèrent visiter [leurs] habitations ;
privés de [leurs] amis, ils [allèrent voir la Frisie,
[leurs] logis et [leur] haut bourg. Lors Hengest
demeura encore, cet hiver souillé de carnage, avec Finn
absolument sans contestation ; il se souvenait de [sa] résidence,
1130 quoiqu’il ne put pas pousser sur l’onde
un [navire] à proue couverte d’anneaux ; la crête d’eau bouillonnait sous l'orage,
luttait contre le vent ; l’hiver enserrait les vagues
d'un lien de glace, jusqu'à ce qu’une autre[2] année
vînt aux enclos [des hommes], comme elle le fait ores encore,
[et] les temps merveilleusement brillants qui continuellement
observent la saison[3]. Lors l’hiver était parti,
beau [était] le sein de la campagne ; le voyageur,
l’étranger sortait en hâte de [son] enclos. Lui, plutôt
qu'à un voyage sur mer, songeait à vengeance,
1140 s’il pouvait causer une rencontre insultante
pour qu’en elle il se rappelât[4] les enfants des Eotens.
Aussi il n’évita[5] pas le sort du monde[6],
quand Hunlafing lui plongea dans le sein[7]
la lueur des batailles [l’épée brillante], le meilleur des glaives ;
les tranchants en étaient célèbres parmi les Eotens.
De même ensuite une terrible mort par l'épée
assaillit Finn au cœur preux dans son propre logis,

  1. Earle traduit : « leur fleur… »
  2. C’est-à-dire une nouvelle année.
  3. C’est-à-dire arrivent avec régularité.
  4. Ou « commémorât. »
  5. Mot à mot : ne refusa pas.
  6. Muller et Earle lisant worod-raedenne traduisent : « il ne refusa pas la fraternité d’armes. »
  7. Earle traduit : « lui posa sur la poitrine l’épée Lafing. »