Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/121

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Latin, je m’imaginai entendre le pas léger de Fanny dans la chambre voisine, ce pas qui, au milieu des sécheresses du travail, m’apportait la douceur furtive d’un baiser muet, ou d’un mot du cœur, goutte de rosée sur mon sol aride. Et alors une larme vint à mes yeux, car je sentis avec amertume que je n’étais plus aimé. »

Jusque-là, absorbé par mes souvenirs, j’avais parlé pour moi-même autant que pour mon interlocutrice, et sans m’occuper de l’émotion que pouvaient exciter en elle des faits qu’à les rappeler je voyais sous un jour nouveau, et qui me dévoraient l’âme. À peine avais-je remarqué l’action de Julienne, qui s’était glissée entre les rideaux et la fenêtre, comme pour avoir plus de jour sur son ouvrage ; mais à ce moment, sous le voile qui me séparait de l’ouvrière, j’entendis très-distinctement un sanglot. Pauvre femme ! En effet, que d’analogie entre son histoire et celle de Fanny ! Je repris :

« Cependant, car l’ambition a pour loi de