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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/123

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elle m’était enlevée, j’avais tout perdu ; je ne voyais que vide et néant autour de moi, et mon rêve devenait un de ces brouillards, emportés par un coup de vent, sous lesquels on ne découvre que précipices.

« Il devenait urgent de combler les brèches faites à notre capital ; mais réformer notre train de vie semblait impossible à ma femme aussi bien qu’à moi. D’abord, aux yeux du monde, c’eût été une déchéance ; puis, non-seulement le luxe qui nous entourait nous semblait indispensable, mais nos désirs le trouvaient fort insuffisant. Ma femme, au bout de trois ans, s’irritait de ne pouvoir changer son ameublement, et je voyais partout autour de moi, dans les maisons où j’allais, des objets dont la possession m’eût semblé très-nécessaire pour embellir le cadre de mon importance. Ma femme ayant refusé de s’engager pour une dette importante que j’avais contractée, et son bien consistant surtout en domaines, dont elle refusa la vente, j’eus des créanciers ; elle-même faisait des mémoires.