Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/126

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même, et l’écraser s’il m’était possible… Mais un événement nouveau suspendit ce projet et bientôt l’emporta : je perdis ma femme. Elle ne laissait point d’enfants, et toute sa fortune retournait à sa famille ; toute… mais une part manquait et j’en répondais. J’étais ruiné.

« Ruiné de toutes parts ! abandonné par mes prôneurs, harcelé par mes créanciers, rejeté même par mes débiteurs ; car la clientèle distinguée à laquelle je donnais mes soins me jugeait suffisamment honoré par sa confiance, et se composait en majeure partie de ces gens très-considérés qui vivent de crédit aussi bien qu’un gouvernement, et possèdent également une énorme dette flottante. J’aurais pu faire comme eux, si ma réputation scientifique s’était soutenue ; mais ces deux coups se complétaient l’un par l’autre, et m’abattaient aussi sûrement que deux entailles pratiquées en sens contraire, sur un jeune arbre, par la hache du bûcheron.

« Peindre ma rage et mon désespoir serait