qu’il sortît et vît du monde, et qu’il fallait songer à la dot de Paulette, qui serait bonne à marier dans quinze ou seize ans.
Emmy s’était donc résignée, et comme endormie, dans sa vie uniforme de petits soins journaliers. Mais l’aventure de ce jour, cette rencontre de son mari, venait de tout remuer en elle, et c’était un tumulte de réclamations passionnées, de colères, d’indignations, qu’elle ne pouvait apaiser. Si Gervais la trompait !… S’il avait une maîtresse !… Oh ! pourtant, c’était trop indigne ! elle ne pouvait pas accepter cela. Elle, à son âge, délaissée, méprisée ainsi ! Elle était digne d’être aimée cependant, et à la place de Gervais, bien d’autres… C’est alors qu’elle revoyait le regard de M. Martel, ce regard timide et brillant, tout chargé d’amour, et c’était lui que dans sa pensée elle prenait à témoin de l’injustice qui lui était faite. Il lui semblait le seul à qui elle pût s’en fier pour la sentir profondément, aussi profondément qu’elle-même. Jusque-là, elle n’avait fait que