Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/207

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elle se sentait engagée à lui par une reconnaissance immense, enthousiaste. Où trouverait-elle donc le courage de le faire souffrir ? Comment pourrait-elle se résigner à ne plus le voir, à ne plus l’entendre ? Il lui apparaissait désespéré, pâle, avec un regard qui pénétrait le cœur, et où elle lisait déjà des reproches. Il souffrirait pour elle, lui, Olivier ! — Elle brûlait de fièvre et pleurait amèrement.

Cependant, à côté d’elle, les heures s’écoulaient, et sa mère, ne la voyant pas venir à la nuit tombante, la vint chercher.

L’imagination de Mme Denjot, surrexcitée déjà par le rapport de son mari, acheva de s’exalter à la vue du désespoir de sa fille. Elle prit la résolution d’agir vigoureusement et d’attaquer la situation par son côté en apparence le plus imprenable. Dans son jugement, la source de tout le mal, c’était toujours Léocadie Bodin. Aussi, le lendemain, endossant sa robe de soie noire, et prenant son air le plus comme il faut, elle se rendit rue Dauphine.