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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/40

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lement ; je me rappelle une nuit d’hiver qu’il nous mit tous à la porte en chemise ; nous y serions morts de froid, peut-être, sans l’intervention d’une voisine, qui menaça le père du commissaire et nous fit rentrer.

« Je n’y puis plus tenir, disait ma sœur bien souvent, je ne resterai pas plus longtemps dans cet enfer-là ! »

« Mais je prenais cela pour des paroles d’impatience, bien naturelles, et je ne pensais point qu’elle dût les exécuter. Cependant, hélas ! elle le fit, pauvre Marie ! Elle quitta l’inconduite pour l’inconduite, et la misère sans doute pour une autre misère. Je ne l’ai jamais revue. Ce n’était ni une tête folle, ni un mauvais caractère, et sûrement elle serait restée honnête sans d’aussi grandes raisons de découragement.

« Enfin, un secours nous arriva. Une dame bonne et riche, qui nous vit si misérables, nous prit en pitié, nous habilla tous et fit mettre mon frère en apprentissage. Les deux