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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/49

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sans raison, abruti par l’ivrognerie, et que la loi, malgré ça, continue de laisser jouir de ses droits de chef de famille. Mes forces déjà fléchissaient sous le fardeau ; j’eus beau faire, j’eus beau me cramponner à ma volonté, penser à ma sœur, à mon petit frère, et faire de nouveaux efforts : le jour où, croyant compléter le payement du mois de ma sœur, je trouvai le tiroir vide et l’argent volé, je tombai par terre, et pendant un mois, je fus bien malade, entre la vie et la mort. Heureusement il se trouva de braves cœurs autour de moi ; mes voisines me soignèrent, nous eûmes çà et là quelques secours ; mais la maladie, voyez-vous, chez ceux qui vivent au jour le jour du travail, c’est comme un coup de feu en pleine poitrine dans une bataille. Si vous n’en mourez pas, vous en avez pour longtemps à vous remettre, et la chance de rester infirme toute votre vie.

« Quand je pus reprendre l’aiguille, au bout de six semaines, bien faible encore, plusieurs de mes pratiques, ne pouvant attendre,