Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/54

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« Il faut que ce soient des brigands que ces hommes-là !

« — Tais-toi ! tais-toi ! s’écria le petit, tremblant ; Satan nous emporterait ! »

« Et il regardait autour de lui comme fou de terreur. Je vis aussi qu’il me considérait comme une damnée, parce que je travaillais le dimanche. Et sur tout cela, je me dis : « Tant pis ! on mourra de faim s’il le faut ; mais je ne laisserai pas l’enfant là-dedans. » J’allai donc le réclamer ; mais on ne voulut pas me le rendre, et ces hommes ne rougirent pas d’en appeler à l’autorité de mon père, tout dégradé qu’il était, et de lui acheter son fils pour un pourboire. Ah oui ! cela me fut un grand chagrin que la perte de cet enfant ! Une voisine me dit alors à l’oreille des choses que je ne pus croire ; mais je me demandais, pourtant, pourquoi l’enfant était si honteux, si pâle, et je finis par croire qu’il avait un secret qu’il n’osait pas dire. Il se murmurait là-dessus bien des choses dans le quartier ; mais on craignait les bons pères, et