de dépenses, étant maintenant ouvrière chez sa patronne ; je pouvais donc peut-être payer le loyer d’une petite chambre meublée et vivre toute seule, en attendant que Ninette vint avec moi. J’exécutai ce projet, non sans toutes sortes de persécutions de la part de mon père, qui voulut me forcer à le recevoir chez moi.
« Un jour, étant aviné, mon père tomba du haut d’un échafaudage et se tua. Ma sœur, quoique bien jeune, venait de se marier ; mon frère, l’aîné, était devenu soldat ; le plus jeune était toujours à l’école des frères ; on n’avait point de nouvelles de ma sœur aînée. Je me trouvais donc seule et n’ayant plus à penser qu’à moi ; cela me parut d’abord un grand repos, mais bientôt après un grand vide.
« Et puis, quelle tristesse j’éprouvais en pensant aux miens ! J’avais tant lutté pour eux ! Et, malgré mes efforts, le monstre de la misère les avait tous dévorés ! Car ils n’étaient devenus abjects que par l’effet de leur