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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/59

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ranger mes cheveux et à m’habiller coquettement, je ne voulais plus sortir et je passais la journée dans ma chambre à lire, ou à songer, en cousant. J’avais une bonne clientèle ; j’étais adroite, jeune et forte ; mon travail me suffisait.

« Et maintenant… c’est la grande époque de ma vie que je vais vous raconter. Tout ce que j’avais pressenti dans mes rêves d’amour n’approchait point de cette passion qui me prit le cœur ; tout ce que j’avais souffert déjà n’était rien auprès des tortures que j’ai ressenties… »

Ici, Julienne s’arrêta quelque temps, puis reprit d’une voix émue :

« Comment je l’ai rencontré, cela vous importe peu. Comment je l’ai aimé, je n’en sais rien moi-même. Il m’avait d’abord intéressée par son air fier, ardent et rêveur. Je ne l’avais pas vu une dizaine de fois que, lorsqu’il me dit qu’il m’aimait, je sentis que je l’adorais. Je ne voulus pas d’abord le lui laisser voir ; je me disais : « Tu vas donc