Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/65

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menais promener dans la campagne : ces petites créatures, entre les murs de Paris, sans cela, blanchiraient comme des liserons en cave.

« Nous ne mangions ces jours-là que du pain sec, mais nous nous emplissions la poitrine d’un air pur et l’âme d’harmonies. Enfin, mon Charles est suffisamment fort et bien venu ; il apprend tout ce qu’il veut ; il est bon et tendre, et quand je regarde ce cher trésor, je n’en veux plus à celui qui me l’a donné.

« Mais un grand souci me tourmente, c’est d’en pouvoir faire un honnête homme, au milieu des mauvais exemples qu’il recevra. Bientôt, sa nourriture et son vêtement vont excéder mes ressources. À douze ans, au plus tard, il devra délaisser, pour se livrer au travail des mains, tout développement de l’esprit, et, à cause de cette double incapacité de la pauvreté et de l’ignorance, il ne trouvera à sa portée que des plaisirs grossiers. Hélas ! ce serait donc trop beau d’élever un homme pour être noble et bon !…