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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/78

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en vînt au cœur. Mais, n’étant pas les plus forts, il fallait attendre de pouvoir le rendre à d’autres, et plus tard nous n’y manquâmes point. Ce sont toutes ces choses qui font dire aux gens sages que le caractère se forme au collége et qu’on y apprend à vivre. Rien n’est plus vrai. On y apprend à supporter l’injustice lorsqu’on est faible, et à l’exercer lorsqu’on est fort. Excellentes leçons ! et bien propres à perpétuer le système traditionnel adopté dans les rapports humains !

« J’appris également à mépriser en cachette l’autorité des maîtres, à laquelle je me soumettais ostensiblement. Nous les appelions entre nous de leur nom, un tel, sans y ajouter monsieur, et nous nous entendions admirablement pour faire enrager les pions, qui étaient des jeunes gens pauvres et pour la plupart d’anciens piocheurs. Comme cela nous amusait de les humilier ! Un jour, nous vînmes à bout de faire pleurer l’un d’eux : il n’avait qu’un vieux parapluie. Tenez, ce souvenir me fait mal à présent. Passons là-