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CHANT IV.
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Chantez ; nous savons bien que vous n’avez jamais
Essayé d’égaler les chantres des forêts.
Vous n’imiterez point les cadences parfaites
De nos jolis Garats aux voix de serinettes.
A table leur talent eut toujours peu d’attraits.
Vos plaisirs, chantés faux, n’en seront pas moins vrais.
Qu’entends-je ? quels accens dans les airs retentissent » ?
Votre voûte s’ébranle, et vos vitres frémissent…
Je reconnais les chants inspirés par le vin.
On répète à grands cris votre aimable refrain :
On y parle toujours et d’aimer et de boire ;
Mais Cupidon, jaloux, renonce à la victoire ;
Et tandis que Bacchus vous verse ses bienfaits,
Vos tristes Lalagés peuvent dormir en paix…
Que vois-je, mes amis, quel nuage vous trouble ?…
Ou vous n’y voyez pas, ou vous y voyez double…
Quels étranges discours ! quel langage confus !
Vous parlez, mais déjà je ne vous comprends plus.